Une mini-série réalisée lors d’un workshop d’une semaine à l’école de photographie de Vevey.

Et si le regard devenait une énigme, un espace incertain où la lumière vacille, où les contours se dissolvent ? Ces images explorent ce territoire fragile, où la vision s'efface pour laisser place à une autre perception du monde. La photographe est allée la rencontre de ceux qui voient avec le cœur, écouter leur histoire et échanger sur leur rapport à l'image. Ces portraits, ces objets et ces archives collectées à peine une semaine avant la pandémie sont des fragments d’un dialogue entre la vision et l’absence de celle-ci. Ils racontent des histoires où l’image, paradoxalement, s’écrit autrement : par les mots, les textures, les silences. Ce sont des témoignages d’adaptation, de perte, mais aussi de résilience qui nous incite à l’empathie.

Je me suis demandé, et si le monde que l’on connaît depuis toujours disparaissait sous nos yeux ? Notre vision se métamorphoserait en aplats, en zones floues et en tâches gênantes.

Et si suite à un accident, nous ne pouvions plus voir le ciel étoilé ou la splendeur d’une montagne ? Si tout ce que l’on a connu visuellement n’était plus qu’un souvenir ? Si nous devions changer de vie ? Ou si depuis notre naissance nous n’avions pas pu découvrir le monde au travers de nos yeux ? Par la malchance, nous nous retrouvions sans ce sens si précieux, dans un monde où les images sont si importantes. Nous devrions accepter de vivre le reste de notre vie à percevoir autrement, car nos yeux ont décidé de ne pas aller dans la bonne direction et notre cerveau refuse de recomposer l’image en dimension. Nous passerions alors de la lumière à l’obscurité, des certitudes aux doutes, de l’indépendance à une certaine vulnérabilité, des possibilités à des limitations.

Comment ferions-nous ? Est-ce que l’on peut imaginer ce que c’est de ne pas voir ?